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I Elle pense qu~elle v mourir qu~elle est jeune et qu~elle ussi elle urit bien im~ vivre Mis il n~y rien ~ fire

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LE MESSAGER 1

Voilà. Ces personnages vont vous jouer l'histoire d’Antigone.

LE MESSAGER 2

Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle.

LE MESSAGER 1

Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l'heure, qu'elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre ! Mais il n’y a rien à faire.

LE MESSAGER 3

Le jeune homme avec qui parle la belle, l'heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène car Ismène est bien plus belle qu’Antigone; et puis, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène…

LE MESSAGER 2

un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe,

LE MESSAGER 3

il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme.

LE MESSAGER 2

Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit «oui» avec un petit sourire triste... il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.

LE MESSAGER 1

Cet homme robuste, qui médite là, c’est Créon. C’est le roi. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, quand il n’était pas le roi il aimait la musique, les belles reliures, les longues bal ades chez les antiquaires. Maintenant Créon est tout seul. Seul avec son pouvoir.

LE MESSAGER 3

С’est la Nourrice qui a élevé deux filles d’Oedipe.

LE MESSAGER 2

Enfin les trois femmes qui jouent aux cartes, ce sont les gardes. Elles ne sont pas mauvaises, elles ont des familles, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais elles empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde, car ce sont les auxiliaires toujours satisfaites d'elles-mêmes, de la justice de Créon.


LE MESSAGER 1

Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle, l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère.

LE MESSAGER 2

Alors Polynice avait gagnés à sa cause sept grands princes étrangers qui ont été battus devant les portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné de faire à Étéocle, le bon frère, d’imposantes funérailles, mais il les a refusé au Polynice, le révolté, le voyou, qui a été laissé sans être enterré à la proie des corbeaux et des chacals.

LE MESSAGER 3

D’après l’ordre de Créon ce qui osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.

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La nourrice surgit.

LA NOURRICE

D’où viens-tu?

ANTIGONE

De me promener, nourrice. C’était beau. Tout était gris. Maintenant, tu ne peux pas savoir, tout est déjà rose, jaune, vert. Il faut te lever plus tôt, nourrice, si tu veux voir un monde sans couleurs.

LA NOURRICE

Je me lève quand il fait encore noir, je vais à ta chambre pour voir si tu ne t’es pas découverte en dormant et je ne te trouve plus dans ton lit!

ANTIGONE

Le jardin dormait encore. C’est beau, un jardin qui ne pense pas encore aux hommes.

LA NOURRICE

Tu es sortie à quatre heures! Je me lève pour voir si elle n’était pas découverte et je trouve son lit froid et personne dedans.

ANTIGONE

Tu crois que si on se levait comme ça tous les matins, ce serait tous les matins aussi beau, nourrice?

LA NOURRIC

C’était la nuit! Et tu veux me faire croire que tu as été te promener, menteuse! D'où viens-tu?

ANTIGONE, a un étrange sourire.

C'est vrai, c'était encore la nuit, mais c’est merveilleux, nourrice.

LA NOURRICE

Fais la folle! Je la connais, la chanson. J’ai été fille avant toi. Et pas commode non plus, mais dure tête comme toi, non. D’où viens-tu, mauvaise?

ANTIGONE, soudain grave

Non. Pas mauvaise.

LA NOURRICE

Tu avais un rendez-vous, hein? Dis non, peut-être.

ANTIGONE, doucement

Oui. J'avais un rendez-vous.

LA NOURRICE

Tu as un amoureux?

ANTIGONE, étrangement, après un silence.

Oui, nourrice, oui, le pauvre. J’ai un amoureux.

LA NOURRICE, éclate.

Ah! c'est du joli! c’est du propre! Toi, la fille d'un roi! Qui est-ce? Un voyou, hein, peut-être? Un garçon que tu ne peux pas dire à ta famille: «Voilà, c’est lui que j'aime, je veux l'épouser.» C’est ça, hein, c’est ça? Réponds donc, fanfaronne!

ANTIGONE, a encore un sourire imperceptible.

Oui, nourrice.

LA NOURRICE

Et elle dit oui! Miséricorde! Je l’ai eue toute gamine; j’ai promis à sa pauvre mère que j'en ferais une honnête fille, et voilà! Mais ça ne va pas se passer comme ça, ma petite mais ton oncle Créon saura. Je te le promets!

ANTIGONE, soudain un peu lasse.

Oui, nourrice, mon oncle Créon saura. Laisse-moi, maintenant.

LA NOURRICE

Et Hémon? Et ton fiancé? Car elle est fiancée! Elle est fiancée et à quatre heures du matin elle quitte son lit pour aller courir avec un autre. Tu sais ce que je devrais faire? Te battre comme lorsque tu étais petite.

ANTIGONE

Nounou, tu ne devrais pas trop crier. Tu ne devrais pas être trop méchante ce matin.

LA NOURRICE

Pas crier! Je ne dois pas crier! Moi qui avais promis à ta mère...

ANTIGONE

Non, nourrice. Ne pleure plus. Tu pourras regarder maman bien en face, quand tu iras la retrouver.

LA NOURRICE

Tu n’as pas d'amoureux?

ANTIGONE

Non, nounou.

LA NOURRICE

Tu te moques de moi, alors? Tu vois, je suis trop vieille. Tu étais ma préférée, malgré ton sale caractère.

ANTIGONE

Ne pleure plus, s'il te plaît, nounou. Je suis pure, je n’ai pas d’autre amoureux qu’Hémon, mon fiancé, je te le jure. Quand tu pleures comme cela, je redeviens petite... Et il ne faut pas que je sois petite ce matin.

Entre Ismène

ISMENE

Tu es déjà levée? Je viens de ta chambre.

ANTIGONE

Oui, je suis déjà levée.

LA NOURRICE

Toutes les deux alors!… Toutes les deux vous allez devenir folles et vous lever avant les servantes? Vous croyez que c’est convenable pour des princesses?

ANTIGONE

Laisse-nous, nourrice.

Elle sort vite

ISMENE

Tu es malade?

ANTIGONE

Ce n’est rien. Un peu de fatigue. C’est parce que je me suis levée tôt.

ISMENE

Moi non plus, je n’ai pas dormi. J’ai bien pensé toute la nuit. Tu es folle.

ANTIGONE

Oui.

ISMENE

Nous ne pouvons pas.

ANTIGONE, après un silence, de sa petite voix

Pourquoi?

ISMENE

Il nous ferait mourir.

ANTIGONE

Bien sûr. A chacun son rôle. Lui, il doit nous faire mourir, et nous, nous devons aller enterrer notre frère.

ISMENE

Il est le roi, il faut qu’il donne l’exemple.

ANTIGONE

Moi, je ne suis pas le roi. Il ne faut pas que je donne l’exemple, moi… Ce qui lui passe par la tête, la petite Antigone, la sale bête, la mauvaise, et puis on la met dans un coin ou dans un trou. Et c’est bien fait pour elle. Elle n’avait qu’à ne pas désobéir.

Il y a un silence, Ismène demande soudain:

ISMENE

Tu n’as donc pas envie de vivre, toi?

ANTIGONE, murmure

Pas envie de vivre… Qui se levait la première, le matin, rien que pour sentir l’air froid sur sa peau nue? Qui se couchait la dernière, seulement quand elle n’en pouvait plus de fatigue, pour vivre encore un peu plus la nuit?

ISMENE, a un élan soudain vers elle

Ma petite sœur…

ANTIGONE, se redresse et crie.

Ah, non! Laisse-moi! Ne me caresse pas! Tu as bien réfléchi, tu dis? Tu penses que toute la ville hurlante contre toi, tu penses que la douleur et la peur de mourir c’est assez?

ISMENE, baisse la tête.

Oui

ANTIGONE

Sers-toi de ces prétextes.

ISMENE, se jette contre elle.

Antigone! Je t’en supplie!

ISMENE

Ton bonheur est là devant toi et tu n’as qu’à le prendre. Tu es fiancée, tu es jeune, tu es belle…

ANTIGONE, sourdement

Non, je ne suis pas belle.

ISMENE

Pas belle comme nous, mais autrement. (Après un temps). Et Hémon, Antigone?

ANTIGONE, fermée

Je parlerai tout à l’heure à Hémon: Hémon sera tout à l’heure une affaire réglée.

ISMENE

Tu es folle.

ANTIGONE, sourit

Tu m’as toujours dit que j’étais folle, pour tout, depuis toujours. Va te recoucher, Ismène… Va te recoucher. Tu es toute pâle de fatigue. (Elle la regarde sortir avec un petit sourire triste, puis elle tombe soudain lasse sur une chaise.) Pauvre Ismène!


Колыбельная????????????

LA NOURRICE

Où as-tu mal?

ANTIGONE

Nulle part, nounou. Mais fais-moi tout de même bien chaud comme lorsque jétais malade… Donne-moi ta main comme lorsque tu restais à côté de mon lit.

LA NOURRICE

Qu’est-ce que tu as, ma petite colombe?

ANTIGONE

Rien, nounou. Je suis seulement encore un peu petite pour tout cela. Mais il n’y a que toi qui dois le savoir.

LA NOURRICE

Trop petite pourquoi, ma mésange?

ANTIGONE

Pour rien, nounou. Je tiens ta bonne main rugueuse qui sauve de tout, toujours. Peut-être qu’elle va me sauver encore.

LA NOURRICE

Qu’est-ce que tu veux que je fasse, ma tourterelle?

ANTIGONE

Rien, nounou. Seulement ta main comme cela sur ma joue. (Elle reste un moment les yeux fermés.) Voilà, je n’ai plus peur. Ni du méchant ogre, ni du marchand de sable, ni de Taoutaou qui passe et emmène les enfants… (Un silence encore, elle continue d’un autre ton.) Nounou, tu sais, Douce, ma chienne…

LA NOURRICE

Oui.

ANTIGONE

Tu vas me promettre que tu ne la gronderas plus jamais.

LA NOURRICE

Une bête qui salit tout avec ses pattes!

ANTIGONE

Même si elle salit tout. Promets, nourrice.

LA NOURRICE

Alors il faudra que je la laisse tout abîmer sans rien dire?

ANTIGONE

Oui, nounou.

LA NOURRICE

Ah! ça serait un peu fort!


ANTIGONE

S’il te plaît, nounou. Tu l’aimes bien, Douce, avec sa bonne grosse tête. Je te le demande: ne la gronde pas.

LA NOURRICE

Et si elle pisse sur mes tapis?

ANTIGONE

Promets que tu ne la gronderas tout de même pas. Je t’en prie, dis, je t’en prie, nounou…

LA NOURRICE

Tu profites de ce que tu câlines… C’est bon. C’est bon. Tu me fais tourner en bourrique.

ANTIGONE, détourne un peu la tête et puis elle ajoute, la voix dure.

Et puis, si elle était trop triste, si elle avait trop l’air d’attendre tout de même, le nez sous la porte comme lorsque je suis sortie, il vaudrait peut-être mieux la faire tuer, nounou, sans qu’elle ait mal.

LA NOURRICE

La faire tuer, ma mignonne? Faire tuer ta chienne? Mais tu es folle ce matin!

ANTIGONE

Non, nounou. (Hémon paraît). Voilà Hémon. Laisse-nous, nourrice. Et n’oublie pas ce que tu m’as juré.

La nourrice sort.

ANTIGONE, court à Hémon.

Pardon, Hémon, pour notre dispute d’hier soir et pour tout. C’est moi qui avais tort. Je te prie de me pardonner.

HEMON

Tu sais bien que je t’avais pardonné, à peine avais-tu claqué la porte. Ton parfum était encore là et je t’avais déjà pardonné. (Il la tient dans ses bras, il sourit, il la regarde.) A qui l’avais-tu volé, ce parfum?

ANTIGONE

A Ismène.

HEMON

Et le rouge à lèvres, la poudre, la belle robe?

ANTIGONE

Aussi

HEMON

En quel honneur t’étais-tu faite si belle?

ANTIGONE

Je te le dirai. (Elle se serre contre lui un peu plus fort) Oh! mon chéri, comme j’ai été bête! Tout un soir gaspillé. Un beau soir.

HEMON

Nous aurons d’autres soirs, Antigone. Et d’autres disputes aussi. C’est plein de disputes, un bonheur.

ANTIGONE

Un bonheur, oui… Ecoute, Hémon.

HEMON

Oui

ANTIGONE

Ne ris pas ce matin. Sois grave.

HEMON

Je suis grave.

ANTIGONE, dans un souffle.

Ecoute, Hémon.

HEMON

Oui.

ANTIGONE, crie soudain, blottie contre lui.

Tu m’aimais, Hémon, tu m’aimais, tu en es bien sûr, ce soir-là?

HEMON, la berce doucement.

Quel soir?

ANTIGONE

Ce soir de  bal où tu es venu me chercher dans mon coin, tu ne t’es pas trompé de jeune fille? Tu es sûr que tu n’as jamais regretté depuis que tu aurais plutôt dû demander Ismène?

HEMON

Idiote!

ANTIGONE

Je suis noire et maigre. Ismène est rose et dorée comme un fruit.

HEMON, murmure.

Antigone…

ANTIGONE

Il faut que je sache ce matin. Quand tu penses que je serai à toi, est-ce que tu sens au milieu de toi comme un grand trou qui se creuse, comme quelque chose qui meurt?

HEMON

Oui, Antigone.

ANTIGONE, dans un souffle, après un temps.

Moi, je sens comme cela. Et je voulais te dire que j’aurais été très fière d’être ta femme, ta vraie femme.  Voilà. Maintenant, je vais te dire encore deux choses. Et quand je les aurais dites, il faudra que tu sortes sans me questionner. Jure-le-moi.

HEMON

Qu’est-ce que tu vas me dire encore?

ANTIGONE

Jure-moi d’abord. Si tu m’aimes, jure-le-moi. (Elle le regarde avec son pauvre visage bouleversé.) s’il te plaît, Hémon… C’est la dernière folie que tu auras à me passer.

HEMON

Je te le jure.

ANTIGONE

Merci. Alors, voilà. Hier. Tu me demandais tout à l’heure pourquoi j’étais venue avec une robe d’Ismène, ce parfum et ce rouge à lèvres. J’étais bête. Je n’étais pas très sûre que tu me désires vraiment et j’avais fait tout cela pour être un peu plus comme les autres filles, pour te donner envie de moi.

14

HEMON

C’était pour cela?

ANTIGONE

Oui. Mais j’étais venue chez toi pour que je sois ta femme avant parce que je t’aime comme cela, très fort. Tu m’as juré, Hémon! Je t’en supplie…  O mon chéri, pardon! jamais, jamais, je ne pourrai t’épouser. Sors. Sors tout de suite sans rien dire. C’est tout ce que tu peux faire encore pour moi, si tu m’aimes.

Voilà. C’est fini pour Hémon, Antigone.
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ISMÈNE, est entrée, appelant.

Antigone!… Ah!, tu es là!

ANTIGONE, sans bouger.

Oui, je suis là.

ISMENE.

Je ne peux pas dormir. Antigone, ma petite sœur, nous sommes tous là, autour de toi. Nous t’aimons nous avons besoin de toi. Polynice est mort et il ne t’aimait pas. Il a toujours été un mauvais frère. Oublie-le, Antigone, comme il nous avait oubliées. Reste avec nous, ne va pas là-bas cette nuit, je t’en supplie.

ANTIGONE

C’est trop tard. Ce matin, quand tu m’as rencontrée, j’en venais.

Музыка начала 7118 звучит и на слова Исмены «Антигона»

Elle est sortie. Ismène la suit avec un cri:

ISMÈNE говорит на музыку с 1мин 30с до 1мин 38с

Antigone!

Dès qu’Ismène est sortie, Créon entre par une autre porte avec son page.

CRÉON

Une garde, dites-vous? Une de celles qui gardent le cadavre? Faites-le entrer.

LA GARDE

C’est moi qui l’ai vue la première, chef! Les autres vous le diront, c’est moi qui ai donnée la première alarme.

CRÉON

L’alarme? Pourquoi?

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LA GARDE

Le cadavre, chef. Quelqu’un l’avait recouvert. Oh! pas grand-chose. Ils n’avaient pas eu le temps, avec nous à côté. Seulement un peu de terre… Mais assez tout de même pour le cacher aux vautours.

CRÉON, va à lui.

Tu es sûre que ce n’est pas une bête en grattant?

LA GARDE

Non, chef. On a d’abord espéré ça, nous aussi. Mais la terre était jetée sur lui. Selon les rites. C’est quelqu’un qui savait ce qu’il faisait.

CRÉON

Qui a osé? Qui a été assez fou pour braver ma loi? As-tu relevé des traces?

LE GARDE

Rien, chef. Rien qu’un pas plus léger qu’un passage d’oiseau. Après, en cherchant mieux, on a trouvé plus loin une pelle, une petite pelle d’enfant toute vieille, toute rouillée.

CRÉON, rêve un peu.

Un enfant… L’opposition brisée qui sourd et mine déjà partout. Les amis de Polynice avec leur or bloqué dans Thèbes, les chefs de la plèbe puant l’ail, soudainement alliés aux princes, et les prêtres essayant de pêcher quelque chose au milieu de tout cela... Un enfant! A qui avez-vous déjà parlé de cette affaire?

LA GARDE

A personne, chef.

CRÉON

Ecoute bien. Voilà l’ordre. Je ne veux que vous près du cadavre. Et pas un mot. Vous êtes tous coupables d’une négligence, vous serez punis de toute façon, mais si tu parles, si le bruit court dans la ville qu’on a recouvert le cadavre de Polynice, vous mourrez tous les trois.

LE GARDE, gueule.

On n’a pas parlé, chef, je vous le jure! Chef, j’ai deux enfants. Il y en a un qui est tout petit. Vous témoignerez pour moi que j’étais ici, chef, devant le conseil de guerre.

CRÉON

Va vite. Si personne ne sait, tu vivras. (La garde sort en courant. Créon reste un instant muet. Soudain, il murmure.) Un enfant… Un enfant… Музыка «театр 3308 кб» начало

Ils sont sortis. Les messagers entrent.

LE MESSAGER 1 музыка продолжает звучать, слова на музыку говорить

Et voilà. Maintenant, le ressort est bandé. Cela n’a plus qu’à se dérouler tout seul. On donne le petit coup de pouce pour que cela démarre, rien, C’est tout. Après, on n’a plus qu’à laisser faire. On est tranquille. Cela roule tout seul. C’est minutieux, bien huilé depuis toujours. La mort, la trahison, le désespoir sont là, tout prêts, et les éclats, et les orages, et les silences et le vainqueur, déjà vaincu, seul au milieu de son silence…


16

Antigone est entrée, poussée par les gardes.

LE MESSAGER 2

Alors, voilà, cela commence. La petite Antigone est prise. La petite Antigone va pouvoir être elle-même pour la première fois.


музыка????

Les messagers disparaîssent, tandis que les gardes poussent Antigone en scène.

LA GARDE, qui a repris tout son aplomb.

Allez, allez, pas d’histoires! Vous vous expliquerez devant le chef. Moi, je ne connais que la consigne. Allez, allez! Tenez-la, vous autres, et pas d’histoires! Moi, ce qu’elle a à dire, je ne veux pas le savoir!

ANTIGONE

Dis-leur de me lâcher, avec ses sales mains, elles me fait mal.

LA GARDE

Leurs sales mains? Vous pourriez être polie, Mademoiselle… Moi, je suis poli.

ANTIGONE

Dis-leur de me lâcher. Je veux bien mourir, mais pas qu’elles me touche!

LA GARDE

Et les cadavres, dis, et la terre, ça ne te fait pas peur à toucher? Tu dis «ses sales mains»! Regarde un peu les tiennes.

Antigone regarde ses mains tenues par les menottes avec un petit sourire. Elles sont pleines de terre.

LA  DEUXIÈME GARDE

On te l’avait prise, ta pelle? Elle était là,  cette garce, à gratter comme une petite hyène. Et elle se débattait quand j’ai voulu la prendre! Elle criait qu’il fallait qu’elle finisse… C’est une folle, oui!

LA TROISIÈME GARDE

Ils vont peut-être nous donner une récompense.

LA GARDE

Ça se peut, si c’est important.

LA DEUXIÈME GARDE

Francine, de la Troisième, quand elle a mis la main sur l’incendiaire, le mois dernier, elle a eu le mois double.

LA TROISIÈME GARDE

Ah, dis donc! Si on a le mois double, allons chez la Tordue.

LA GARDE

Pour boire? T’es pas folle? Ecoutez-moi, je vais vous dire: on va d’abord chez la Tordue, on s’amuse comme il faut et après on verra.

LA TROISIEME GARDE

Alors, on verra.

LA DEUXIÈME GARDE

Oui, mais il faudra lui commander le menu d’avance.

LA GARDE

Garde à vous!

CRÉON, s’est arrêté, surpris.

Lâchez cette jeune fille. Qu’est-ce que c’est?

LA GARDE

C’est le piquet de garde, chef. On est venu avec les camarades.

CRÉON

Qui garde le corps?

LA GARDE

On a appelé la relève, chef.

LA GARDE

Comme on a arrêté celle-là, on a pensé qu’il fallait qu’on vienne.

CRÉON

Imbéciles! (A Antigone.) Où t’ont-elles arrêtée?

LA DEUSIEME GARDE

Près du cadavre, chef.

LA TROISIEME GARDE

Elle grattait la terre avec ses mains. Elle était en train de le recouvrir encore une fois.

CRÉON, à Antigone.

C’est vrai?

ANTIGONE

Oui, c’est vrai.

CRÉON

Et cette nuit, la première fois, c’était toi aussi?

ANTIGONE

Oui. C’était moi. Avec une petite pelle de fer. C’était justement la pelle de Polynice.

LA GARDE

On aurait dit une petite bête qui grattait.

CRÉON

On vous demandera peut-être un rapport tout à l’heure. Pour le moment, laissez-moi seul avec elle.

LA TROISIEME GARDE

Faut-il lui remettre les menottes, chef?

CRÉON

Non.

Les gardes sont sorties. Créon et Antigone sont seuls l’un en face de l’autre.

CRÉON

Avais-tu parlé de ton projet à quelqu’un?

ANTIGONE

Non.

CRÉON

As-tu rencontré quelqu’un sur ta route?

ANTIGONE

Non, personne.

CRÉON

Tu es bien sûre?

ANTIGONE

Oui.

Un silence. Ils se regardent.

CRÉON

Pourquoi as-tu tenté d’enterrer ton frère?

ANTIGONE

Je le devais.

CRÉON

Je l’avais interdit.

ANTIGONE, doucement.

Je le devais tout de même. Ceux qu’on n’enterre pas errent éternellement sans jamais trouver de repos... Il a droit au repos.

CRÉON

C’était un révolté et un traître, tu le savais.

ANTIGONE

C’était mon frère.

CRÉON

Tu avais entendu proclamer l’édit aux carrefours, tu avais lu l’affiche ?

ANTIGONE

Oui.

CRÉON

Tu savais le sort qui était promis à celui qui oserait lui rendre les honneurs funèbres?

ANTIGONE

Oui, je le savais.

CRÉON

Tu as peut-être cru que d’être la fille d’Œdipe, c’était assez pour être au-dessus de la loi.

ANTIGONE

Non. Je n’ai pas cru cela.

CRÉON

La loi est d’abord faite pour toi, Antigone, la loi est d’abord faite pour les filles des rois!

ANTIGONE

Si j’avais été une servante en train de faire sa vaisselle, quand j’ai entendu lire l’édit, j’aurais essuyé l’eau grasse de mes bras et je serais sortie avec mon tablier pour aller enterrer mon frère.

CRÉON

Ce n’est pas vrai. Si tu avais été une servante, tu n’aurais pas douté que tu allais mourir et tu serais restée à pleurer ton frère chez toi. Seulement tu as pensé que tu étais de race royale, ma nièce et la fiancée de mon fils, et que, quoi qu’il arrive, je n’oserais pas te faire mourir.

ANTIGONE

Vous vous trompez. J’étais certaine que vous me feriez mourir au contraire.

CRÉON, la regarde et murmure soudain.

Oui, maintenant que j’ai trouvé cette orgueil au fond de tes yeux, je te crois. Tu as dû penser que je te ferais mourir. Il te faut un tête à tête avec le destin et la mort. Les rois ont autre chose à faire que du pathétique personnel, ma petite fille. (Il a été à elle, il lui prend le bras.) Alors, écoute-moi. Je t’aime bien tout de même, avec ton sale caractère. Tu vas rentrer chez toi tout de suite, et te taire. Je me charge du silence des autres. Allez, va!

Antigone ne répond pas. Elle va sortir. Il larrête!

CRÉON

Antigone! C’est par cette porte qu’on regagne ta chambre. Où t’en vas-tu par là?

ANTIGONE, s’est arrêtée, elle lui répond doucement, sans forfanterie.

Vous le savez bien…

Un silence. Ils se regardent encore debout l’un en face de l’autre.

CRÉON, murmure, comme pour lui.

Quel jeu joues-tu?

ANTIGONE

Je ne joue pas.

CRÉON

Tu ne comprends donc pas que si quelqu’un d’autre que ces trois sottes sait tout à l’heure ce que tu as tenté de faire, je serai obligé de te faire mourir? Si tu te tais maintenant, si tu renonces à cette folie, j’ai une chance de te sauver, mais je ne l’aurai plus dans cinq minutes. Le comprends-tu?

ANTIGONE

Il faut que j’aille enterrer mon frère que ces femmes ont découvert.

CRÉON

Pourquoi fais-tu ce geste absurde? Pour les autres, pour ceux qui y croient? Pour les dresser contre moi!

ANTIGONE

Non.

CRÉON

Ni pour les autres, ni pour ton frère? Pour qui alors?

ANTIGONE

Pour personne. Pour moi.

CRÉON, la regarde en silence.

Tu as donc bien envie de mourir? Tu as l’air d’un petit gibier pris.

ANTIGONE

Ne vous attendrissez pas sur moi. Faites comme moi. Faites ce que vous avez à faire. Mais si vous êtes un être humain, faites-le vite. Voilà tout ce que je vous demande. Je n’aurai pas du courage éternellement, c’est vrai.

CRÉON, se rapproche.

Je veux te sauver, Antigone.

ANTIGONE

Vous êtes le roi, vous pouvez tout, mais cela, vous ne le pouvez pas.

CRÉON

Tu crois?

ANTIGONE

Ni me sauver, ni me contraindre. Vous pouvez seulement me faire mourir.

CRÉON, lui serre le bras.

Ecoute-moi bien. J’ai le mauvais rôle, c’est entendu, et tu as le bon. Mais tu vois dans mes yeux quelque chose qui hésite, tu vois que je te laisse parler au lieu d’appeler mes soldats; alors, tu nargues, tu attaques tant que tu peux. Où veux-tu en venir, petite furie?

ANTIGONE

Lâchez-moi. Vous me faites mal au bras avec votre main.

CRÉON, dont les yeux rient et qui serre plus fort.

C’est peut-être ce que je devrais faire après tout, tout simplement, te tordre le poignet. Dieu sait pourtant si j’ai autre chose à faire aujourdhui, mais je vais tout de même perdre le temps qu’il faudra et te sauver, petite peste.Tu penses bien que je l’aurais fait enterrer, ton frère, mais pour que les brutes que je gouverne comprennent, il faut que cela pue le cadavre de Polynice dans toute la ville, pendant un mois.

ANTIGONE

Vous êtes odieux!

CRÉON

Oui ma petite. C’est le métier qui le veut.

ANTIGONE

Pourquoi le faites-vous? Il fallait dire non, alors!

CRÉON

Cela ne m’a pas paru honnête. J’ai dit oui.

ANTIGONE

Hé bien, tant pis pour vous. Moi, je n’ai pas dit «oui»! Moi, je peux dire «non» encore à tout ce que je n’aime pas et je suis seule juge. Et vous, avec votre couronne, avec vos gardes, avec votre attirail, vous pouvez seulement me faire mourir parce que vous avez dit «oui».

CRÉON

Ecoute-moi.

ANTIGONE

Non... Je vous fais peur. C’est pour cela que vous essayez de me sauver. Ce serait tout de même plus commode de garder une petite Antigone vivante et muette dans ce palais. Vous êtes trop sensible pour faire un bon tyran, voilà tout.

CRÉON

Je te comprends, j’aurais fait comme toi à vingt ans. C’est pour cela que je buvais tes paroles. J’écoutais du fond du temps un petit Créon maigre et pâle comme toi.

Marie-toi vite, Antigone, sois heureuse si non je te ferai taire.


ANTIGONE,
 se débat.

Allons vite, le roi! Appelle tes gardes!

CRÉON

Gardes! (Les gardes apparaissent aussitôt) Emmenez-la

ANTIGONE

Enfin, Créon!

Les gardes se jettent sur elle et l’emmenent. Ismène sort en criant derrière elle.

ISMENE

Antigone! Antigone!

Créon est resté seul, lesmessagers entrent et va à lui. Hémon, entre en criant

HÉMON.

Père! Tu es fou, père.

CRÉON, le tient plus fort

J’ai tout essayé pour la sauver, Hémon. J’ai tout essayé, je te le jure. Elle ne t’aime pas.

HÉMON.

Lâche-moi.

Un silence. Ils sont l’un en face de l’autre. Ils se regardent.

LE MESSAGER 1, s’approche.

Est-ce qu’on ne peut pas imaginer quelque chose, dire qu’elle est folle, l’enfermer?

CRÉON

Ils diront que ce n’est pas vrai. Que je la sauve parce qu’elle allait être la femme de mon fils. Je ne peux pas.

LE MESSAGER 2

Est-ce qu’on ne peut pas gagner du temps, la faire fuir demain?

CRÉON

La foule sait déjà, elle hurle autour du palais. Je ne peux pas.

HEMON

Père, la foule n’est rien. Tu es le maître.

CRÉON

Je suis le maître avant la loi. Plus après.


HEMON

Père, je suis ton fils, tu ne peux pas me la laisser prendre.

CRÉON

Si, Hémon. Du courage. Antigone nous a déjà quittés tous.

HEMON

Crois-tu que je pourrai vivre, moi, sans elle? Crois-tu que je l’accepterai, votre vie?

CRÉON

Il faudra bien que tu acceptes, Hémon. Ne me juge pas, ne me juge pas, toi aussi.


HEMON, le regarde, puis recule en criant.

Antigone! Antigone! Au secours! (Il est sorti en courant.)

LE MESSAGER 3, va à Créon.

Créon, il est sorti comme un fou.

CRÉON, qui regarde au loin, droit devant lui, immobile.

Oui. Pauvre petit, il l’aime.

LE MESSAGER 1

Créon, il faut faire quelque chose.

CRÉON

Je ne peux plus rien.

LE MESSAGER 2

Il est parti, touché à mort.

CRÉON, sourdement.

Oui, nous sommes tous touchés à mort.

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LE MESSAGER 1

Une terrible nouvelle. On venait de jeter Antigone dans son trou. On n’avait pas encore fini de rouler les derniers blocs de pierre lorsque Créon et tous ceux qui l’entourent entendent des plaintes qui sortent soudain du tombeau. Chacun se tait et écoute, car ce n’est pas la voix d’Antigone. C’est une plainte nouvelle qui sort des profondeurs du trou... C’était Hémon qui tient sa fiancée dans ses bras et gémit, le visage enfoui dans sa robe.

LE MESSAGER 2

On bouge un bloc et Créon descend. Il essaie de relever Hémon, il le supplie. Hémon ne l’entend pas. Puis soudain il se dresse, les yeux noirs, il regarde son père sans rien dire, une minute, et, tout à coup, il lui crache au visage, et tire son épée…

LE MESSAGER 3

… et, sans rien dire, il se plonge l’épée dans le ventre et il s’étend contre Antigone, l’embrassant dans une immense flaque rouge.

CREON, entre avec son page.

Je les ai fait coucher l’un près de l’autre, enfin! Ils sont lavés, maintenant, reposés. Ils sont seulement un peu pâles, mais si calmes. Deux amants au lendemain de la première nuit. Ils ont fini, eux.

LE MESSAGER 1

Pas toi, Créon. Il te reste encore quelque chose à apprendre. Eurydice, la reine, ta femme…

CRÉON

Une bonne femme parlant toujours de son jardin, de ses confitures, de ses tricots, de ses éternels tricots pour les pauvres. C’est drôle comme les pauvres ont éternellement besoin de tricots.

LE MESSAGER 2

Les pauvres de Thèbes auront froid, cet hiver, Créon... En apprenant la mort de son fils, la reine est passée dans sa chambre, sa chambre à l’odeur de lavande, aux petits napperons brodés et aux cadres de peluche, pour s’y couper la gorge...

LE MESSAGER 3

Créon. Elle est étendue maintenant sur un des petits lits jumeaux démodés, à la même place où tu l’as vue jeune fille un soir, et avec le même sourire, à peine un peu plus triste.

CRÉON

Elle aussi. Ils dorment tous. C’est bien. La journée a été rude.

LE MESSAGER 1

Et tu es tout seul maintenant, Créon

CRÉON

Tout seul, oui. Je vais vous dire, à vous. Vous les autres vous ne savez pas; on est là, devant l’ouvrage, on ne peut pourtant pas se croiser les bras. Ils disent que c’est une sale besogne, mais si on ne la fait pas, qui la fera?

Бой башенных часов 5 ударов.

Cinq heures. Qu’est-ce que nous avons aujourdhui, à cinq heures?

LE MESSAGER 2

Conseil, monsieur.

CRÉON

Eh bien, si nous avons conseil, nous allons y aller.

Ils sortent, Créon sappuyant sur le messager 1

.

LE MESSAGER 2 s’avance.

Et voilà. C’est fini. Un grand apaisement triste tombe sur Thèbes et sur le palais vide où Créon va commencer à attendre la mort.

Pendant qu’il parlait, les gardes sont entrés. Ils se sont installés sur un banc, leur litre de rouge à côté deux, leur chapeau sur la nuque, et ils ont commencé une partie de cartes.

LE MESSAGER 3

Il ne reste plus que les gardes. Elles, tout ça, cela leur est égal; c’est pas leurs oignons. Ils continuent à jouer aux cartes…

Le rideau tombe rapidement pendant que les gardes abattent leurs atouts.

FIN DE «ANTIGONE»









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