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certitudes et imposé une nouvelle façon de penser
dieu caviar et paillettes ! Cette année, au symposium de Davos, le rendez- vous annuel des grands patrons, les frais de bouche ont été réduits dun tiers, Sharon Stone et An- gelina Jolie priées de rester chez elles, et les conférences sur la libéralisation de la finance annulées sans autre forme de procès.
Le contraire aurait été étonnant. Car la crise financière na pas seulement mis en péril le bilan des banques et les fins de mois des ménages. Elle a aussi emporté dans son maelstrôm la plupart des certitudes qui structuraient la pensée économique dominante. Ceux qui, professeurs, gouvernants, grands patrons, défendaient avec passion les vertus du libéralisme, récla
ment aujourdhui plus de régulation et plus dEtat. Et ils évoquent sans rougir les nationalisations ou la retraite par répartition, des mots qui sonnaient jusquà lété dernier comme des grossièretés entre leurs lèvres. Sans doute faudra-t-il des années pour que le monde établisse les règles de cette nouvelle grammaire économique. Mais la réunion des vingt plus puissants Etats de la planète (le G20), prévue début avril, devrait permettre den jeter les bases. En attendant, ce lexique devrait vous aider à y voir un peu plus clair dans ce sac de charbon.
Banques centrales Leurs missions et pouvoirs seront renforcés
Un moment encensées pour leur réactivité face à la crise (elles nont pas hésité à injecter
des milliards dans le système bancaire pour éviter sa paralysie), elles sont aujourdhui lobjet de dures critiques. En maintenant les taux dintérêt à un niveau très bas, celle des Etats-Unis (la Fed) aurait contribué à la formation de la bulle des subprimes, ces crédits immobiliers accordés à des ménages insolvables. Son homologue européenne (la BCE) aurait de son côté commis lerreur de ne pas tirer la sonnette dalarme lorsque les prix des logements se sont emballés, en particulier en Espagne. «Si les dirigeants de ces deux institutions avaient été un peu moins bornés, on nen serait pas là», écume Olivier Pastré, économiste à Paris-VIII.
Voilà pourquoi de nombreux experts souhaitent aujourdhui
élargir les missions des Banques centrales. En plus de la lutte contre linflation, elles pourraient se voir confier la surveillance des bulles immobilières. Leurs moyens daction seraient, en outre, renforcés. «Ces derniers mois, elles ont tellement baissé leurs taux - ceux de la Fed sont tombés à 0% - quelles se sont retrouvées privées de leviers pour agir sur léconomie», observe Patrick Artus, de Natixis. Premier à réagir, le gouvernement américain a permis à la Fed, en novembre dernier, de soutenir les entreprises en leur accordant des crédits à court terme. Mais ce type daction reste encore interdit en Europe. Il est vrai quil présente des risques: que se passerait-il si les sociétés aidées venaient à faire faillite et ne pouvaient pas rembourser?
(Barack Obama,
18 décembre 2008 REGULATION
Lafinance mondiale déréglementée est à lorigine de nos problèmes. Il faut la réformer.)
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Ceux qui considéraient l'Etat comme un problème l'appellent aujourd'hui au secours
Bonus Ils seront encadrés par un "code éthique"
Obama, Brown, Sarkozy, Mer- kel... Tous en ont désormais contre ces primes à cinq ou six zéros, offertes sur un plateau dargent aux traders du monde entier. Pourtant, jusquà lété dernier, elles ne leur faisaient ni chaud ni froid. «Aujourdhui, ils estiment que ces financiers sont responsables de la crise et doivent être punis», résume Thami Kabbaj, professeur à Dauphine. Ces folles gratifications leur apparaissent dautant moins légitimes que beaucoup de banques ont été sauvées par lapport massif dargent public, donc par le contribuable. Pourtant, la disparition des bonus est loin dctre une chose acquise. Dabord, parce quils relèvent du droit privé. Et puis parce quils permettent tout de même aux établissements financiers dattirer les pointures. A défaut de les interdire, les Etats se préparent donc à les encadrer. Dans le sillage de Barack Obama, qui a limité à 500 000 dollars la rémunération des patrons des banques sauvées par de largent public, la I France envisage dadopter un i «code éthique». Les bonus automatiques déconnectés de toute performance seraient bannis. Pour le reste, le versement des primes se ferait pour partie sous forme dactions et serait étalé sur plusieurs années afin de prendre en compte les pertes éventuelles. Les Anglais songent à adopter une charte similaire.
Chômage Le plein-emploi pour 2012 nest plus quun souvenir.
Et dire quen mars 2008 François Fillon nous promettait encore le plein-emploi en 2012, avec un taux de chômage à 5% ! «Ce sera au mieux 10%», redoute Mathieu Plane, de lOFCE. Au reste, ce ne sera pas plus riant ailleurs: le BIT prévoit que le nombre de chômeurs dans le monde va gonfler cette année de 25 à 50 millions. La Chine elle-même verse dans le pessimisme. Sa croissance, (7,5% cette année contre 12% en 2007) ne suffira plus à donner du travail aux 25 millions de paysans qui débarquent tous les ans dans ses villes.
Déficit public Les finances des Etats vont plonger
Les critères de Maastricht, qui sen souvient encore? Plus grand monde, en vérité. Rappelons-nous: au-delà du seuil fatidique des 3% du PIB, les déficits publics étaient censés mettre en danger la stabilité économique des Etats, et par- delà celle de lEurope entière. Aujourdhui, même les plus virulents des faucons de Bruxelles font fi de ces règles rigides. «Creuser les déficits est la seule option dont disposent les gouvernements pour financer leurs plans de relance et donc pour atténuer les effets de la crise», note Benjamin Carton, du Cepii. Du coup, ils sen donnent à cœur joie : cette année, limpasse budgétaire devrait dépasser 8% du PIB au Royaume-Uni (comme aux Etats-Unis), 6,2% en Espagne et 5,4% en France.
Le problème, cest que cette dérive va faire exploser la dette des Etats. Dans un premier temps, ces derniers nauront, certes, aucun mal à emprunter à des taux dintérêt très bas, car les investisseurs préféreront acheter leurs bons du Trésor que de se risquer dans les placements privés. Mais, dès que les Bourses reprendront des couleurs, la tendance sinversera. «Les Etats devront alors supporter la facture de taux dintérêt de plus en plus élevés», prévient Benjamin Carton. En particulier ceux dont les finances publiques sont les plus dégradées, comme la Grèce, lItalie, lEspagne et, dans une moindre mesure, la France.
Il y a six mois, les gouvernements et la Banque centrale européenne navaient quune obsession : lutter contre linflation. Entraînées par la dérive des matières premières, les étiquettes valsaient comme à Vienne dans les rayons, écornant au passage à coups de rabot le pouvoir dachat des ménages. Mais, depuis la crise, les choses ont bien changé. Les cours du pétrole ont dégringolé de 140 à 40 dollars le baril et les prix de détail se sont mis à... baisser dès septembre dans lHexagone. Cest comme ça sur toute la planète, ou presque. Une bonne nouvelle ? Pas pour les pays émergents exportateurs de matières premières et de pétrole, bien sûr. Mais pas forcément non plus pour les nations industrialisées. Si la baisse des prix se confirmait, elle entraînerait en effet mécaniquement une chute du profit des entreprises (contraintes de vendre moins cher) et, donc, encore plus de licenciements, ce qui contribuerait à réduire la consommation et donc... les prix. «Une telle spirale déflationniste pourrait siphonner toute notre croissance», transpire léconomiste Marc Touati. Le Japon, qui a connu ce scéna- rio pendant les années 1990, a mis plus dune décennie à se sortir de la nasse.
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TOUS LES INDICATEURS SONT AU ROUGE
1. Le nombre de chômeurs senvole en Europe
Taux de chômage au a 70/ sens de TOIT.
Avec une récession de 1,9% attendue pour 2009,3,5 millions de personnes vont perdre leur emploi cette année dans la zone euro.
2. Les faillites bancaires ont explosé auxEtats-Uni5
Faillites détablissements bancaires aux USA.
Lehman Brothers, WaMu, Bear Stearns... Jamais, depuis la crise de 1929, autant de banques américaines navaient mis la clé sous la porte.
3. Les déficits publics secreusent dans la zone euro
Déficit des 4% administrations publiques, en % du PIB.
Au diable les critères de Maastricht ! Nourris par les milliards deuros des plans de relance, les déficits publics vont crever le plafond cette année en Europe.
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Jationalisations
Gordon Brown, chef du gouvernement britannique, chantre de la dérégulation, a été le premier à nationaliser une banque (la Northern Rock) pour la sauver Il a vite fait école.
BANQUES CENTALES
Jean-Claude Trichet réhabilité! Grâce à sa politique de taux dintérêt élevés, le président de la Banque européenne a évité à lEurope une crise aussi violente quaux USA. Pour le moment, du moins.
Fin du crédit facile Elle est indispensable pour assainir léconomie
Faut-il le rappeler? La crise que nous traversons est dabord celle de lexcès de crédit. Alléchés par des taux dintérêt très bas, les ménages américains ont emprunté depuis 1995 comme des cigales insatiables, au point que leur endettement représente aujourdhui 130% de leurs revenus annuels. Les Espagnols et les Anglais ont suivi la même pente. On le sait désormais, cest lexplosion de cette bulle de crédit qui a provoqué le séisme financier et fait la peau à la croissance. Aujourdhui, le monde semble être tombé dans lexcès inverse : les banques octroient les prêts au compte-gouttes, ce qui freine la consommation et linvestissement. Ennuyeux, mais indispensable : pour que léconomie mondiale reparte sur des bases plus saines, les entreprises et les ménages doivent commencer par se désendetter. «Ce processus sera long et il nous coûtera 1 ou 2 points de croissance ces prochaines années», calcule Patrick Artus.
Hedge funds Ils devront se soumettre aux régulateurs
Surnommés les «Paris Hilton de la finance», ces fonds hyper- spéculatifs gagnaient des milliards avant la crise, et personne ne leur demandait de comptes. Aujourdhui, ils sont pointés du doigt comme des criminels : en jouant à la baisse les actions dentreprises et de banques en difficulté, ils ont accéléré la débâcle. Du coup, certains chefs dEtat estiment quil faudrait tout bonnement les interdire. Mais cette option a peu de chances dêtre retenue. Dabord, parce que les deux tiers des hedge funds sont enregistrés dans des paradis fiscaux et échappent ainsi à tout contrôle. Ensuite, parce que leurs paris spéculatifs contribuent quand même au bon fonctionnement des marchés financiers, en évitant la formation de bulles autour de certaines valeurs. Pour limiter leurs excès, lEurope projette simplement dimposer à ceux agissant sur son territoire de publier leurs comptes et de se soumettre aux contrôles de régulateurs comme lAMF. Les Etats-Unis, la France et lAllemagne ont également promis de lutter contre les paradis fiscaux. On attend des propositions concrètes.
Intervention de lEtat Cest le nouveau credo des gouvernements
«LEtat nest pas la solution, cest le problème.» Les Gordon Brown, George Bush et autres Nicolas Sarkozy, qui revendiquaient la fameuse phrase de Ronald Reagan, se sont conver- tis en quelques semaines aux vertus de lintervention publique. «Cest un changement radical de valeurs», remarque Paul Jorion, auteur de «La Crise. Des subprimes au séisme financier planétaire». Preuve que la révolution idéologique est en marche, même les grands patrons réunis à Davos ont appelé la puissance publique au secours... Le problème, cest que personne nest vraiment daccord sur la forme et limportance que doit prendre laction de lEtat. Faut-il simplement recapitaliser les banques, comme le pensent les Français? Aller jusquaux nationalisations prônées par les Anglais? Doit-on privilégier les baisses dimpôts pour aider les plus pauvres, comme on le fait aux Etats-Unis, ou soutenir dabord les entreprises, comme le veut Nicolas Sarkozy ? «Dici à ce quils se mettent tous daccord, la crise sera passée», ironise François Morin, de luniversité Toulouse-I.
Keynésianisme Presque tous les dirigeants sy sont convertis
«Il y a un an encore, on traitait mes livres de bizarreries alter- mondialistes», sourit Gilles Dos- taler, lun des principaux spécialistes de Keynes, cet économiste anglais inspirateur du New Deal de Roosevelt. Mais le vent a tourné et ses théories ont de nouveau la cote. Selon cellcs-ci, on ne peut sortir des crises quen lançant une politique massive dinvestissements (keynésianisme de loffre) ou de soutien à la consommation des ménages par des dépenses sociales (keynésianisme de la demande). Lensemble des pays développés, mais aussi la Chine, le Brésil et lInde, ont aujourdhui adopté une stratégie keynésienne. A linverse, les thèses néolibérales, qui voient dans les dépenses publiques un vaste gaspillage, ont perdu de leur crédibilité. Peut- on dire pour autant que le monde sest converti au keynésianisme? «Il est trop tôt pour lassurer, estime Gilles Dostaler. Une fois la crise passée, ces théories pourraient bien retourner au placard.» Ingratitude...
Méfiance envers les banques Particuliers et entreprises tremblent pour leurs dépôts
«UBS, United Bandits of Swit- zerland» : voilà le genre de slogans que lon peut lire sur les banderoles, lors des manifestations antibanques qui se multiplient partout dans le monde. Daprès une récente étude du Boston Consulting Group, 56% des Européens et des Américains ont aujourdhui moins confiance que par le passé dans les institutions financières. Il faut dire que, depuis le début de la crise, pas moins de vingt- cinq dentre elles ont fait faillite. Et que beaucoup dautres doivent leur survie à des perfusions dargent public. Du coup, la méfiance des clients ne devrait pas retomber avant plusieurs mois, voire des années.
Nationalisation Le seul moyen déviter les faillites bancaires
Les vieux apparatchiks de lex- Union soviétique en perdraient leurs rangées de décorations : voilà enfin lOccident converti aux nationalisations ! Lloyds Banking et RBS au Royaume- Uni, Fortis en Belgique, Com- merzbank en Allemagne, AIG aux Etats-Unis... En quelques semaines, une vingtaine détablissements financiers sont passés dans le giron des Etats les plus libéraux. Selon le Prix Nobel déconomie Paul Krug- man, le mouvement devrait se poursuivre aux Etats-Unis. Et ► Suite de la page 17 nombre dexperts pensent de même pour lIrlande et la Grande-Bretagne. En France et en Allemagne, où les établissements financiers sont plus solides, les recapitalisations partielles devraient suffire.
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CHINE
Les salons de lemploi (ici, celui de Pékin) ny changeront rien : aujourdhui, le pays ne crée plus assez de postes de travail pour accueillir les 6 millions détudiants qui sortent chaque année de ses universités.
Notation (agences de) Elles devront se soumettre à des contrôles
Jusquà ce que la crise éclate, les trois agences de notation existantes (Fitch, Moodys et Standard & Poors) faisaient la pluie et le beau temps dans la finance. Pour définir le degré de risque de leurs placements, les investisseurs se fiaient aux notes quelles attribuaient aux titres financiers. Mais la crise a révélé que ces évaluations, basées sur des modèles mathématiques top secret, étaient souvent à côté de la plaque, ce qui a précipité des dizaines de banques vers la faillite... Du coup, plus personne na confiance dans les agences. Voilà pourquoi le Parlement européen envisage de les soumettre au contrôle dun régulateur spécialisé, à qui elles devront révéler leurs méthodes de calcul, et dimposer louverture du marché. Les Etats-Unis pourraient faire de même. •
Régulation Les marchés financiers devront limiter leurs excès
Dabord, renforcer les ratios prudentiels des banques et préciser quils concerneront à lavenir tous les crédits, quelle que soit leur forme. Jusquà présent, en effet, les banques devaient I conserver sous forme dactifs I (dépôts, biens immobiliers) léquivalent de 8% des prêts j quelles accordaient. Mais elles sarrangeaient pour contourner | cette règle en transformant massivement leurs crédits en titres I financiers, ce qui leur permettait I de ne plus les comptabiliser dans le ratio. Ce ne sera plus possible | à lavenir. Les autres acteurs (hedge funds, courtiers en cré- ; dit...), qui échappaient jusque- là à tout contrôle, devront pour leur part rendre des comptes à I des régulateurs spécialisés. Ce nest pas tout. Lors de sa réu- ! nion davril à Londres, le G20 planchera sur la création dun superviseur financier mondial - ce pourrait être le FMI ou un conseil économique à lOnu. Pour le moment, le système financier est surveillé au niveau de chaque pays, alors que les banques et les fonds dinvestissement sont implantés sur tous les continents. «Cela explique pourquoi personne na vu venir la crise», regrette léconomiste Nicolas Véron.
Retraites par répartition Elles ont maintenant le vent en poupe
Has been, déficitaires, risibles... Les donneurs de leçons qui tournaient en dérision les retraites par répartition à la française (les cotisations des actifs paient les pensions de leurs aînés) font moins résonner les tambours. Avec la crise, le système par capitalisation quils appellent de leurs vœux (les salariés épargnent sur les marchés pour payer leurs futures pensions) a en effet tendance à tourner à la catastrophe. Au total, les fonds de pension auraient perdu plus de 3 000 milliards deuros en Bourse ces derniers mois et mis au régime sec des milliers de retraités américains, anglais ou islandais. Du coup, les pays convertis à la capitalisation commencent à tourner casaque. LArgentine, qui avait privatisé ses fonds de retraite en 1994, vient de les renationaliser pour éviter leur faillite. Et, aux Etats- Unis, Barack Obama a promis de réfléchir à une réforme.
T entation protectionniste Ce sera le risque majeur en 2009
La Russie vient daugmenter ses droits de douane sur les voitures, Pékin a décidé de réserver le marché de son train rapide à des constructeurs chinois, les USA veulent interdire lachat dacier à létranger, la France veut verser 6 milliards deuros daide à son industrie automobile... Pas de doute, face à la crise, les Etats cèdent de plus en plus à la tentation du repli sur soi. «Cest pourtant la pire des choses à faire», prévient léconomiste Paul Dembinski, qui rappelle que les mesures protectionnistes des années 1930 avaient accéléré la Grande Dépression. Et entraîné le monde vers la guerre de 1939-1945. Pourvu quil ait tort. Marie Chanel
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«Il faut vite supprimer la taxe professionnelle!»
Pour cet expert, une telle réforme ne sera cependant pas suffisante pour éviter les délocalisations.
Lannonce de la suppression de la taxe professionnelle (TP) par Nicolas Sarkozy, le 5 février dernier, nest pas une surprise. Voilà près de vingt ans que les gouvernements successifs promettent de sattaquer à cet «impôt imbécile», selon lexpression de François Mitterrand. Il faut dire quil cumule à peu près tous les défauts. Dabord, on le sait, il instaure de grandes inégalités entre les communes : celles où sont implantés de nombreuses usines ou sièges sociaux récoltent bien plus de recettes que les autres. Et puis, il pénalise injustement certaines entreprises. Depuis que la part prélevée sur les salaires et linvestissèment a été supprimée (ce qui est une excellente chose pour la croissance et lemploi), son assiette est eh effet calculée en fonction de la valeur lo- cative de leurs équipements et de leur parc immobilier. Lindustrie, les transports et lénergie, gros consom mateurs de matériel et de machines, sont donc plus lourdement taxés : ils versent aujourdhui 60% de la TP, alors quils représentent à peine un tiers de notre PIB. Dès lannée prochaine, ils ne paieront plus la partie de cet impôt assise sur léquipement (80%), mais uniquement celle prélevée sur limmobilier (20%). Cela leur permettra dalléger un peu leurs coûts de production.
Cest évidemment une bonne chose. Mais, contrairement à ce que soutient le gouvernement, cette réforme ne suffira pas à stopper les délocalisations et à maintenir lemploi en France. Si nos usines filent à létranger, cest surtout parce que les coûts de. main-dœuvre y sont beaucoup moins élevés, et non à cause de la taxe professionnelle. Jajoute que sa suppression entrera en vigueur dans un an, cest-à-dire bien trop tard pour aider les PME en difficulté. Cest aujourdhui quelles auraient besoin dun coup de pouce !
Au demeurant, rien ne dit que la réforme pourra se faire dans les temps. La TP, rappelons-le, représente 30% des recettes fiscales des collectivités territoriales, soit près de 30 milliards deuros par an. La taxe carbone, par laquelle le gouvernement envisage de la remplacer, permettra-t-elle de récolter autant ? Ce nest pas sûr. En outre, lassiette de ce nouvel impôt écologique - la consommation de produits très polluants en C02 - sera radicalement différente : il taxera les entreprises, mais aussi les consommateurs, et ne sera plus lié à un territoire, comme la taxe professionnelle. Pour éviter les transferts de charge trop brutaux, lEtat va devoir organiser une redistribution des sommes prélevées entre les communes, qui craignent déjà dy perdre leur indépendance financière. En somme, cest toute la fiscalité locale quil va falloir remettre sur le métier. Ce chantier- là est aussi énorme que politiquement sensible.
(Propos recueillis par Marie Charrel)
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DERNIERS CHIFFRES CONNUS
1.LES PRIX A LÀ PRODUCTION SE SONT EFFONDRÉS
Variation mensuelle de lindice des prix à la production, en %.
Le.spectre de linflation nest pas près de repointer son nez.
En décembre, les prix à la production ont chuté pour le cinquième mois consécutif. Le recul est très net dans lénergie (-5,5%) et lagroalimentaire (-0,5%).
2. LA CONSOMMATION SEST RÉTRACTÉE
Hausse du chômage, moral en berne... La consommation des ménages, qui avait plutôt bien résisté jusque-là, a brutalement cédé du terrain en décembre. Et la baisse risque encore de saccentuer.
3, LA PRODUCTION INDUSTRIELLE A ENCORE CHUTÉ
Voila sinq mois que la production industrielle décline, et le mouvement ne semble pas près de sarrêter. En décembre, 'automobile (-7.7%) et les biens intermédiaires (- 7,6%) ont beaucoup bu la tasse.
4. Solde commercial, en milliards d'euros.
Certes, notre solde commercial a été un peu moins càtas- - trophique en décembre, du fait de la chute des imports (- 9%). Mais le résultat nest as glorieux. En 2008, e trou a atteint 54,5 milliards deuros.
5. LES MISES EN CHANTIER CONTINUENT DE PLONGER
En dépit de la baisse récente des taux dintérêt, le recul des mises en chantier saccélère (-15,7% sur un an). Lenvolée du chômage ne devrait pas arranger la situation.
Evolution du nombre de mises en chantier, en glissement annuel, en %.