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Le cas anglais et français
Introduction :
Le take off est une notion relative comme le montre l’exemple français et anglais.
Au 17ème siècle, la France a un retard important alors que l’Angleterre a échappé aux crises et conjonctures défavorables
L’Angleterre possède une croissance lente mais sûre, un revenu par tête qui augmente, une activité économique moderne et souple, un commerce extérieur en progression tourné vers les colonies.
La France possède une bonne production de matériaux, un commerce en plein développement tourné vers le marché européen et une production agricole correcte.
Mais en 1780 l’Angleterre a une avance sur la France. Elle est plus moderne, industrialisée, plus urbanisée. Le libéralisme anglais se développe alors que le corporatisme français bloque les évolutions.
La démographie inférieure de l’Angleterre permet un enrichissement entraînant un appel de consommation; en France le marché est plus morcellé et basé sur une main d’œuvre à bas coût.
L’Angleterre doit donc se tourner vers les innovations technologiques alors qu’en France les moyens de productions traditionnels se suffisent.
I) Suprématie de la Grande-Bretagne
A) Suprématie de la Grande-Bretagne dès 1750
En Europe, au 17ème siècle, l'Angleterre est une exception. Elle fait exception sur le plan culturel en ayant solidifié et pacifié la democracie. Le parlementarisme anglais émerge au moment de la Révolution financière britannique. Le libéralisme d'Adam Smith, qui reconnait la valeur économique de l'individu, s’impose.
Le système des corporations disparait avec l'apparition des brevets. Mais l'Angleterre s'impose une politique maritime ambitieuse. Au 18ème siècle, le Royaume-Uni possède une grande flotte maritime, un grand capital technique et économique. L'affrontement franco-anglais est à son paroxysme.
B) Empire colonial britannique en 1897.
L'Empire colonial britannique est le plus étendu du monde au 19ème siècle
Le Royaume-Uni opte très tôt pour le libre-échange avec ses colonies mais également avec les autres nations. La Grande-Bretagne verse alors dans un libre-échange de conception free trade et non, comme c'est le cas de nos jours, de conception fair trade.
C) Spécialisation industrielle précoce
L'agriculture est sacrifiée au profit de l’industrie. Ainsi, la production industrielle s'accroit fortement, notamment dans les productions de charbon (qui augmente de 100 % entre 1830 et 1845), textile et sidérurgique. Cette domination s'appuie notamment sur une main-d'œuvre abondante avec la division du travail, sur la disponibilité des matières premières, fer et charbon, sur les colonies et sur de nombreuses innovations.
Cependant que l'hégémonie britannique est de plus en plus contestée dans la seconde partie du 19ème siècle, surtout par les États-Unis et l'Allemagne qui s'industrialisent à une vitesse telle qu'ils rattrapent la Grande-Bretagne. Toutefois, la suprématie financière se substitue à l'hégémonie industrielle et permet de compenser le déficit commercial grâce à des excédents colossaux.
D) Suprématie financière
La Grande-Bretagne domine incontestablement durant toute la première moitié du 19ème siècle. Situation qui amène la Grande-Bretagne à constituer le plus vaste Empire colonial et à devenir le plus important investisseur à l'étranger. La suprématie financière de la Grande-Bretagne est accentuée sous le règne de la reine Victoria Ire (1837-1901).
E) Les étapes du développement
Dégageons maintenant les étapes de ce développement :
II) Singularité du cas de la France
Certains considèrent que la révolution industrielle se caractérise en France par l'absence d'une phase de « take-off » (décollage)
Le « take-off » est un système où :
l’investissement total réalisé doit représenter au moins 10 % du PIB total et plusieurs secteurs moteurs, ainsi qu'un cadre politique et social favorable, doivent exister.
A) Contexte historique
Les débuts de la révolution industrielle en France sont marqués par :
les troubles consécutifs aux guerres révolutionnaires et napoléoniennes et économiques.
Le Blocus continental, mis en place par Napoléon Ier en 1806, pousse la France sur le plan commercial, vers le commerce continental.
L'idéologie française adopte une voie intermédiaire entre le libéralisme britannique et le protectionnisme allemand.
B) Importance de l'État
Dès la fin de la Révolution, le pouvoir en place s'empresse de « libérer les forces du marché » par la suppression des corporations et l'interdiction de toute coalition.
La France se dote d'une monnaie, le franc germinal, et d'une Banque centrale ; la Banque de France. Cette association permet à la France de retrouver des bases monétaires stables et un système centralisé.
La France procède à de nombreuses réformes comme la création des lycées. Mais la réforme majeure est celle de l'instauration du Code civil par Napoléon en 1804 qui encadre le droit de propriété privée et y ajoute la notion d'accumulation.
C) Puissance agricole et industrielle
L'État se joint à la croissance économique non seulement en la favorisant, mais également en la soutenant : loi Guizot de 1842, les grands travaux du baron Haussmann à Paris, l’assainissement de zones marécageuses, le plan Freycinet (1879-1882) pour relancer l'activité économique par le chemin de fer, etc.
L'État est parfois à l'origine de négociations favorisant le libre-échange, parfois à l'origine de mesures protectionnistes.
L'agriculture conserve une place bien importante dans l'économie française. Mais la France reste sensible aux aléas de l’agriculture. Elle est dominée en France par des petits propriétaires, ce qui explique en partie le comportement « malthusien » de la France au XIXème siècle .
D) Puissance financière
Sans être au niveau anglais, elle reste importante. Les liens entre banques et industries demeurent cependant faibles et l'activité bancaire reste prudente.
Donc, la France se caractérise par une chronologie plutôt irrégulière :
De 1789 à 1815 : un contexte historique marqué par les guerres révolutionnaires et napoléoniennes, durant laquelle l’industrie française n’a pas su s’imposer ; absence de take off
De 1830 à 1860 : un développement industriel et une bonne croissance, malgré tout, aux côtés de la Grande-Bretagne,
De 1860 à 1905 : un ralentissement économique,
À partir de 1905 : une forte reprise.